Eco-anarchie?

Andrew Kincaid, "Cyborg" (2007)

"Anarchists attack science", c'est le titre d'un papier du magazine Nature cette semaine. Un groupuscule au nom télescopique: the Olga Cell of the Informal Anarchist Federation International Revolutionary Front, a en effet revendiqué l'agression par balles de Roberto Adinolfi,  un cadre travaillant dans le nucléaire, le 7 Mai dernier à Genes. Les garnements n'en sont pas à leur premier coup d'éclat puisque ce même groupuscule avait dejà envoyé par la poste un engin explosif au lobby pro-nucléaire Swissnuclear en 2011, ainsi qu'à un labo d'IBM spécialisé dans les nanotechnologies en 2010. Ils seraient également liés aux 4 attaques au colis piégé qui ont récemment eu lieu au Mexique contre des chercheurs en nanotechnologies. Ces attentats avaient été revendiqués par un autre groupuscule: Individuals Tending Towards Savagery, tout un programme... Dans une lettre au Corriere della sera, le groupe justifie son action: " Depuis des siècles, la science nous promet la venue de l'Age d'or. Tout au contraire, celle-ci nous entraîne chaque jour davantage vers l'auto-destruction et l'esclavage. (...) Nos actions vous rendent une petite partie de la souffrance dont vous, hommes de science, êtes la cause dans ce monde." La lettre se poursuit sur le même ton en évocant de prochaines attaques. Le Ministère de l'Intérieur italien prend la menace très au serieux et compte assigner des gardes du corps à 550 personnalités du monde scientifique, industriel et politique. Ces "coups" s'inscrivent dans une recrudescence des mouvements anarchistes dans le monde. Dans la région de Bristol la semaine dernière, des membres de l'Informal Anarchist Federation s'en sont pris aux signaux ferroviaires, causant de sérieuses perturbations du trafic. Un message retrouvé sur internet explique que les cibles visées étaient les employés de Raytheon et autres société liées à la défense nationale. Cela s'appellerait de l'éco-anarchisme, ou anarchie verte... John Zerzan est l'un de ses apôtres médiatiques. Nous reviendrons à l'occasion sur cet auteur qui considère le développement technologique comme un élément destructeur des communautés humaines.

Elements of refusal (1988),  John Zerzan