Nous sommes en l'an II (1794), le 10 Thermidor (28 juillet vieux style), Robespierre vit ses dernières heures; les voici narrées par le royaliste Galart De Montjoie, dans un extrait de son Histoire de la conjuration de Maximilien Robespierre, pages 218-225 de l'édition de 1796:
"Robespierre fut trouvé dans une salle bloti contre un mur, pâle et tremblant. Un gendarme lui tira deux coups de pistolet, qui le frappèrent a la tête: il tomba sans proférer un seul mot; on le posa sur un fauteuil de cuir rouge; sa mâchoire inférieure s'étoit détachée de la supérieure par un des coups de pistolet qu'il avait reçu; pour rapprocher l'une de l'autre, on passa sous son menton une bande qu'on noua sur la tête. Ce fut dans ce déplorable état qu'on le conduisit sur les sept heures et demi du matin, au comité de sûreté générale; il tenoit dans sa main droite un mouchoir blanc sur lequel il appuyoit la mâchoire inférieure (...).
Au comité de sûreté générale, on l'étendit sur une table; le malheureux, le visage pâle, la tête ouverte, les traits hideusement défigurés, rendant à gros bouillons le sang par les yeux, les narines et la bouche, reçut là les injures, les reproches, les malédictions de ce qui l'environnoient(...). Il resta deux heures parmi eux dans cette attitude de souffrance.
On le posa ensuite de nouveau sur le fauteuil qui avoit servi à le conduire au comité; on le transporta à travers les flots de peuple, qui accouroient sur son passage pour le maudire, dans l'hospice qu'on appeloit autrefois l'Hôtel-Dieu. Un chirurgien mit un appareil sur ses blessures. (...) Robespierre fut tiré de l'hospice , et jeté dans un cachot de la Conciergerie, pour y attendre un bourreau.
Son frère, Henriot et Couthon, n'eurent pas de moindres tourments à endurer. Le premier, pour échapper à ceux qui le poursuivoient, se jeta par une fenêtre, et en tombant se fracassa une cuisse sur le pavé. Henriot eu recours au même expédient, qui ne lui réussit pas mieux; il se brisa le corps, et rampant sur ses membres disloqués, il alla, comme un animal immonde, se cacher dans un égout. Les gendarmes qui l'y découvrirent, le frappèrent de leurs baïonnettes pour l'obliger d'en sortir. L'un de ces coups fit sortir un de ses yeux de son orbite, de manière qu'il tomboit sur la joue.
(...) Robespierre, et ses principaux complices, avoient été arrêtés vers le milieu de la nuit du 9 au 10 thermidor. Ils furent livrés aux bourreaux dans la matinée du 10. Le cortège sortit du Palais de Justice et se mit en marche vers les cinq heures du soir. L'allégresse universelle se manifestoit avec une sorte de fureur. (...) Chacun applaudissait avec ivresse, et sembloit regretter de ne pas pouvoir applaudir davantage. (...) Le cortège étant arrivé devant la maison ou logeoit Robespierre, vis-à-vis la rue ci-devant Saint-Florentin, dans celle Saint-Honoré, le peuple obligea les exécuteurs d'arrêter. Ils obéirent. Un groupe de femmes alors exécuta une danse devant la charrette qui portoit Robespierre (...).
Plaque posée au 398, Rue Saint-Honoré, Paris 1er. |
Sur l'échafaud, Robespierre eut une nouvelle souffrance a endurer. Le bourreau avant de l'étendre sur la planche où il alloit recevoir la mort, lui arracha brusquement l'appareil mis sur ses blessures. La mâchoire inférieure se détacha alors de la supérieure, et laissant jaillir des flots de sang, fit de la tête de ce malheureux un objet monstrueux. Lorsqu'ensuite cette tête eut été abattue, et que l'exécuteur la tenant par les cheveux la montra au peuple, elle présenta l'image la plus horrible que l'on puisse peindre."
2 commentaires:
Article passionnant que j'ai relu avec intérêt bien que connaissant la vie et la fin de Robespierre - natif d'Arras comme moi.
J'adore les vieux livres et j'en possède quelques-uns mais c'est de plus en plus difficile à chiner.
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